Une famille syrienne réunie au Canada après de nombreuses épreuves

22 décembre 2024|Joanna Kozakiewicz

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Talal est un homme syrien de 61 ans. Il est le père de trois enfants, dont deux filles et un fils trisomique. Sa famille réside au Canada depuis 2022, mais elle a dû faire face à un déplacement et à une séparation familiale avant de pouvoir obtenir l’asile permanent dans ce pays.

Talal et sa famille font partie des Syriens touchés par la guerre en Syrie. Voici ce qu’il a partagé avec le SJR lors de son entretien.

« La guerre en Syrie a commencé en 2011. On a cru que ça ne va pas vraiment durer, et que tout va être comme avant… Mais quand on a vu que ça se prolonge et que ça ne finit pas, on a pensé aller au Liban. Comme c’est proche, et que j’avais toujours un travail en Syrie, mes enfants et ma femme pourraient vivre au Liban, alors que moi, je pourrais faire le déplacement toutes les semaines pour revenir au Liban la fin de semaine. On a cru que ça va prendre quelques mois de plus, mais ça a duré de 2011 jusqu’à notre départ au Canada en 2022. Donc, ça a duré 10 ans… », raconte Talal au SJR.

La vie au Liban était une étape transitoire pour cette famille, mais elle n’était pas sans épreuves. D’abord, Talal devait signer des papiers qui l’obligeaient à ne pas travailler au Liban. Il se débrouillait en travaillant en Syrie, mais cette façon de vivre n’était qu’une solution temporaire. Par contre, au bout de quelques années, les Syriens ont commencé à être persécutés par les Libanais de façon plus sévère.

« On ne pouvait plus circuler avec la voiture si elle avait la plaque syrienne. Dès qu’ils entendaient que notre dialecte était syrien, c’était devenu problématique. Il y avait même des endroits où il était interdit aux Syriens de circuler après 6 h 00 du soir. C’était affiché noir sur blanc : « Les Syriens sont interdits de circuler de 6 h 00 du soir jusqu’à 6 h 00 du matin, comme les chiens ! »

Ce climat de persécution a motivé la famille de Talal pour faire une demande d’asile au Canada. « Nos copains ont fait ça, bien avant nous. Ils ont réussi à avoir le statut de réfugié et en quelques mois, ils étaient arrivés au Canada. Donc, nous avons fait la demande en 2016. »

Avec l’appui de sa cousine qui demeure au Canada et l’appui des Jésuites, la famille de Talal a eu un entretien à l’ambassade du Canada en 2017 qui s’est bien passé. La famille avait l’impression que tout allait pour le mieux.

Par contre, au bout de plusieurs mois d’attente, Talal a reçu une lettre qui dit que sa demande a été refusée. Il s’agissait de son dossier, celui de sa femme et de son fils. Ce qui était encore plus surprenant, c’était le fait qu’une de ces filles qui avait passé l’entrevue avec le reste de la famille avait reçu une lettre favorable pour venir au Canada.

Cette situation ne faisait pas de sens pour Talal.

Heureusement, Talal avait l’appui de sa cousine au Canada qui a parlé avec le député de Laval à ce sujet. Cet appui a donné suite à une réponse favorable et, au bout de 6 mois, l’ambassade a rectifié le résultat. Donc, toute la famille a été acceptée pour devenir demandeur d’asile au Canada. Par contre, une autre épreuve a fait partie de leur histoire. Il fallait faire la file d’attente avec tout le monde, et durant ce temps-là, la file d’attente était de plus de deux ans. Malheureusement, la pandémie mondiale de 2019 à 2022 avait retardé tous les dossiers.

Finalement, le moment clé est venu.

« On a reçu le coup de fil que j’attendais depuis longtemps et que notre dossier était abouti. Le voyage était organisé et sera le 10 août 2022. J’ai reçu ce coup de fil le 25 mai 2022. Donc, en 3 mois, on a essayé de tout organiser et on est arrivé ici. »

Que s’est-il passé avec les dossiers de cette famille ?

« Ma cousine m’a dit que selon le député, tout notre entretien dans l’ambassade était perdu. Tout ce que nous avons dit était perdu, il ne restait qu’une seule trace, une lettre qui était envoyée par la personne qui avait fait l’entretien et qui était destinée à l’ambassade du Canada à Dubaï. Elle indiquait que la personne en question a fait l’entretien de cette famille et qu’elle était favorable pour qu’ils partent au Canada. »

Cette lettre donnait aussi la permission pour le VISA de réfugié des membres de la famille.

Les filles de Talal, âgées de 24 et 25 ans, sont les premières arrivées au Canada. Elles se sont installées en appartement ensemble. Quatre ans plus tard, Talal est arrivé avec sa femme et son fils dans leur propre appartement loué avec l’aide de leurs filles. Après toutes ces épreuves, la famille a finalement été réunie dans un pays sécuritaire.

Aujourd’hui, Talal est pleinement intégré dans la société québécoise, sa femme et lui travaillent. Il fait également partie du comité des réfugiés et s’implique mensuellement. Son fils trisomique demeure sa plus grande joie et priorité. Grâce au transport adapté, il se déplace et fait un stage deux fois par semaine. Talal trouve toujours des façons de l’impliquer dans de nombreuses activités et se réjouit de pouvoir lui offrir un meilleur soutien qu’au Liban ou en Syrie.

« Ici, il y a beaucoup de gens qui nous aident, les travailleuses sociales, le gouvernement du Canada, il est dans un centre très bien. Aussi, il a commencé un stage au Casino, deux jours par semaine, et il est très bien là-bas. Disons, tout ça me donne un peu d’espoir qu’on est sur le bon chemin. »

Quand ils ne travaillent pas, Talal et son fils passent du temps à faire du chocolat à la maison. Les rêves de son fils lui tiennent beaucoup à cœur. Bientôt, il planifie lui acheter un petit chien chihuahua pour lui tenir compagnie.