Une course de fond

07 avril 2020|JRS-Canada

Image par Ian Wakefield de Pixabay
Image par Ian Wakefield de Pixabay

Été 2003 : Lemlem, 16 ans, est une jeune coureuse talentueuse de l’Érythrée. Cependant, les conditions de vie dans ce pays de l’Afrique de l’Est, dont un service militaire à la limite de l’esclavage, ne lui offrent aucun avenir prometteur. Elle profitera de sa participation aux championnats du monde d’athlétisme jeunesse, à Sherbrooke, pour demander l’asile politique.

Elle amorce alors son cheminement vers la citoyenneté canadienne et elle se consacre à l’entraînement, espérant représenter, un jour, son nouveau pays dans les compétitions internationales : elle participera à ses premiers championnats canadiens en 2008.

Mais durant cette période, tous les membres de sa famille quitteront leur pays pour se réfugier à l’étranger. Lemlem, maintenant âgée de 21 ans et citoyenne canadienne, se donne un nouveau défi : réunir sa famille au Canada. Elle souhaite parrainer sa famille dans le cadre d’un programme de parrainage privé des réfugiés. Or, les responsables de ces programmes exigeaient des milliers de dollars en dépôt : « J’étais une jeune femme sans-le-sou, c’était impossible ».

C’est en 2009 qu’elle entend parler du service de parrainage des réfugiés des jésuites du Canada français. Elle contacte le responsable de l’époque, le Père Louis-Joseph Goulet SJ : « Lors de notre première rencontre, ça n’a pas marché. La deuxième fois, je lui ai raconté comment j’avais perdu ma famille. Je lui ai dit : vous êtes ma seule option, Père Goulet ! Je n’ai ni argent ni beaucoup de connaissances. Il a sympathisé avec moi ».

Le Service jésuite des réfugiés (SJR) a alors commencé à parrainer la famille de Lemlem. De 2009 à 2019, grâce au SJR, Lemlem a pu parrainer ses trois frères et deux de ses trois sœurs (son autre sœur est réfugiée en Allemagne), leurs enfants (15 nièces et neveux), leurs conjoints, la mère de Lemlem et de nombreux cousins. Le père de Lemlem est décédé en 2012, et n’a jamais eu la chance de venir au Canada. Mais à Noël 2019, toute la famille était réunie à Montréal. Ils ont passé un moment si joyeux ensemble ! Une des sœurs arrivées l’année dernière n’avait pas vu Lemlem depuis son départ d’Érythrée en 2003 ; elles avaient passé 16 années séparées !