« Un Voyage en Exil » est maintenant offert aux fonctionnaires
21 décembre 2024|Joanna Kozakiewicz
Tevfik Karatop, né en Turquie, a grandi à Istanbul. Après avoir obtenu une licence en économie et une maîtrise en Études culturelles à l’université Sabanci d’Istanbul, il a travaillé dans le domaine du marketing et de la vente. Tevfik a grandi en pratiquant la religion musulmane, mais a fini par être attiré par le christianisme. En particulier, il a été attiré par la spiritualité ignatienne qui l’encourage à écouter véritablement ceux qu’il aide quotidiennement.
Après son arrivée au Canada en 2016, il a obtenu un baccalauréat en théologie et une maîtrise en études religieuses à l’université McGill, ainsi qu’une maîtrise en théologie au Collège théologique diocésain de Montréal.
Après des années de discernement, il a trouvé sa vocation au service des réfugiés. Depuis juin 2022, il travaille comme chef de projet pour le Service jésuite des réfugiés à Montréal.
Il est également responsable du projet de sensibilisation du SJR intitulé « Voyage en Exil » soit « VEX ». Ce projet lui donne le privilège de partager des histoires de réfugiés à travers l’Amérique du Nord.
Plus récemment, Tevfik a collaboré avec le gouvernement fédéral sur le projet « VEX ». Dans cette entrevue, nous en apprenons plus sur son expérience.
SJR : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre expérience de collaboration avec le Gouvernement fédéral dans le cadre du Voyage en Exil ?
Tevfik Karatop, chef de projet : Le 22 juillet, le Réseau des minorités visibles et moi-même avons organisé une session « Voyage en Exil » avec 24 fonctionnaires à Ottawa. Nous avons également développé une nouvelle partie de discussion interactive pour cette session. Notre objectif était de créer un espace sûr pour les nouveaux arrivants et les citoyens canadiens afin de discuter des défis que représente le fait d’être un nouvel arrivant, ainsi que des contributions qu’ils peuvent apporter à leurs communautés, au gouvernement fédéral et à la société dans son ensemble.
Qui est le Réseau des minorités visibles ? Que fait-il ?
T.K. : Le Réseau des minorités visibles est un groupe de fonctionnaires fédéraux bénévoles qui travaillent dur pour sensibiliser le public aux réfugiés et aux autres nouveaux arrivants.
Quelle a été votre expérience avec les fonctionnaires fédéraux lors de votre dernier exercice de simulation ?
T.K. : Entre septembre 2023 et juillet 2024, nous avons eu 65 sessions avec près de 1700 participants. Chaque groupe est différent des autres, mais mon expérience à Ottawa avec les fonctionnaires a été exceptionnellement positive en juillet. Il s’agit d’un groupe motivé qui vise à sensibiliser aux difficultés que rencontrent les réfugiés et à présenter notre exercice de simulation à un plus grand nombre de fonctionnaires. Comme il y avait beaucoup de nouveaux arrivants parmi les participants, leur participation a été précieuse, car ils ont eu la gentillesse de partager leurs expériences. J’apprécie également le travail du Réseau des minorités visibles, qui s’efforce volontairement de sensibiliser le secteur public à la question des réfugiés et des nouveaux arrivants.
En tant que chef de projet, pourquoi avez-vous voulu proposer cet exercice de simulation aux fonctionnaires fédéraux en particulier ?
T.K. : En février 2024, j’étais à Ottawa pour des sessions avec plusieurs écoles et paroisses. Certains membres du Réseau des minorités visibles ont participé à l’une de mes sessions. Après cette session, nous avons décidé d’organiser une session test à Ottawa. Nous pensons que les fonctionnaires ont un impact direct sur la vie des réfugiés, car ils fournissent des services essentiels. Il est donc particulièrement important de sensibiliser le secteur public pour améliorer la vie des réfugiés au Canada.
Pourquoi pensez-vous qu’il était important pour eux de vivre cette expérience ?
T.K. : Je peux dire avec certitude que notre principal objectif dans ce projet est de sensibiliser les gens et de les convaincre d’agir en faveur des réfugiés. Au cours des sept dernières années, de nombreux participants ont lancé différents projets personnels et communautaires pour accompagner les réfugiés. Il en va de même pour les fonctionnaires qui ont participé à notre session. Dans leur contexte, ils cherchent à créer un secteur public plus accueillant pour les réfugiés et soulignent les défis auxquels sont confrontés les nouveaux arrivants qui travaillent pour le gouvernement fédéral.
Quelle partie de l’exercice était interactive ?
T.K. : Après notre activité, nous avons passé une demi-heure à discuter. Pour cette partie, Fiona Barbaro Sant, membre du Réseau des minorités visibles et moi, avons créé un personnage de réfugié à la recherche d’un emploi dans le secteur public. Après avoir présenté ce personnage basé sur de vraies histoires de réfugiés, nous avons ouvert le débat à deux contributions majeures.
- Quels sont les défis à relever pour trouver un emploi dans le secteur public et quels sont les défis à relever par la suite ?
- Comment les réfugiés et les nouveaux arrivants contribuent-ils au secteur public, à leurs communautés et à la société ?
Au cours de la discussion, la plupart des participants ont partagé leurs expériences et leurs opinions.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le personnage que vous avez créé ?
T.K. : Notre stratégie pour « Voyage en Exil » est de raconter des histoires. Nous avons créer un personnage appelé Mohammed Haddid, un réfugié syrien. Il a été parrainé il y a cinq ans et vit au Canada. Il cherche un emploi dans la fonction publique en tant qu’ingénieur en informatique.
Plus précisément, j’ai dit aux participants que le personnage était né à Alep, en Syrie, en 1989. Il a obtenu son diplôme en 2011 à l’université de Damas. Au début de la guerre civile, il a commencé à travailler comme ingénieur informatique à la municipalité d’Alep. Il a fui la Syrie après avoir été enrôlé dans l’armée et est arrivé à Istanbul, en Turquie, en 2013. Il a vécu à Istanbul jusqu’à ce qu’il soit réinstallé au Canada en 2019. Au cours des cinq dernières années au Canada, il a occupé plusieurs emplois pour survivre et il est actuellement à la recherche d’un emploi dans la fonction publique.
Nous avons discuté avec les participants des différents défis et des contributions possibles de Mohammed au secteur public dans sa communauté.
Quelle est la prochaine étape de ce projet ? En d’autres termes, que nous réserve l’avenir ?
T.K. : Après le succès de la session de juillet 2024, nous organiserons une session en français et discuterons des possibilités de proposer le « Voyage en Exil » à un plus grand nombre de fonctionnaires à l’avenir.