SJR-Canada: 40 ans d’engagement auprès des réfugiés

14 novembre 2020|Yves Deschênes, SJR-Canada

C’est la situation misérable et dangereuse de ces réfugiés de l’Asie du Sud-Est qui pousse le Père Général des Jésuites, le Père Pedro Arrupe, a lancé un appel à tous les religieux, à la fin de 1979.  Au Canada français, suite à l’appel du Père Julien Harvey, provincial, 250 000$ sont recueillis pour parrainer et accueillir 32 familles de réfugiés totalisant 164 personnes.  Les Pères Jean-Louis d’Aragon et Paul-Émile Papillon sont responsables de l’opération, aidés par des membres de la communauté du Centre Vimont.

Au cours de l’année 1980, la situation mondiale des réfugiés se détériore : à l’Asie du Sud-Est, il faut ajouter l’Amérique Centrale (Salvador et Nicaragua) et l’Afrique et ses nombreuses guerres civiles.  En novembre, le Père Arrupe écrit aux supérieurs majeurs : « la situation des réfugiés à travers le monde présente à la Compagnie un défi que nous ne pouvons ignorer si nous désirons être fidèles aux critères que saint Ignace donnait pour le choix de nos apostolats ».

Un service de coordination des secours est créé à Rome : le Service Jésuite des Réfugiés.  Trois régions prioritaires sont désignées : l’Asie du Sud-Est, l’Afrique Orientale et l’Amérique Centrale.  Un appel est lancé aux Jésuites du monde entier afin de recruter des volontaires prêts à se mettre à la disposition de ce service et de travailler directement avec les réfugiés dans les camps ou pour établir des structures d’accueil dans d’éventuels pays hôtes.

Une dizaine de Jésuites Canadiens, dont plusieurs missionnaires, s’y impliquent.  Du côté francophone, mentionnons le Père Louis Robert aux Philippines et à Hong Kong; le Frère Lionel Tremblay également à Hong Kong; les Pères Roland Turenne et Denis Gravel, en Éthiopie.  Enfin, soulignons le travail du Père André Lamothe auprès des réfugiés vietnamiens.  Il séjourne pendant près de quatre années dans des camps en Thaïlande et aux Philippines; il promeut le parrainage des réfugiés par des citoyens canadiens : il trouve des parrains pour 128 réfugiés.

Ici au Canada, des religieux d’origine africaine ou haïtienne accompagnent des réfugiés en installation; à Montréal, le P. Michel Corbeil œuvre parmi les réfugiés latino-américains.

Après la réussite de la campagne du début des années 1980, les fonds vinrent à manquer.  Les demandes de l’étranger entraient sans cesse, et le Canada était une destination recherchée.  Au printemps 1981, le Bureau des Missions Jésus du Canada-français prend la relève et crée son service du parrainage.  Durant les six premières années, 142 personnes seront parrainées, le Bureau assumant tous les frais grâce à la générosité des bienfaiteurs et des communautés jésuites.  Le Service du parrainage accompagne aussi plusieurs personnes, dont plusieurs réfugiés maintenant installés au Canada, dans leurs propres démarches de parrainage.

C’est le Père Louis-Joseph Goulet qui coordonnera pendant plus de 30 ans le Service.  Car après les « boat people » vietnamiens, se succèdent la famine en Éthiopie, les guerres au Cambodge et en Érythrée.  Les conflits en Bosnie, au Rwanda (années 90) et en Afghanistan (années 2000) suivront.  En 2013, le Père Mario Brisson prendra la relève du Père Goulet en pleine crise syrienne.

C’est la signature et les renouvellements d’une entente-cadre avec le Ministère de l’Immigration du Québec qui ont permis l’accueil d’autant de réfugiés.  Les Jésuites sont reconnus à titre d’ « organisme expérimenté ».  Ils sont membres des principales organisations de promotion et de défense des réfugiés.

Dans les années 1990, création de Vivre Ensemble du CJF, qui verra particulièrement aux activités de plaidoyer au Canada Français.

Dans la Province Jésuite du Canada-Anglais, c’est au sein du Jesuit Centre for Social Faith and Justice que les activités du SJR prendront racine.  Le Centre est fondé en 1979, sous l’élan du Père Bill Ryan, provincial.  Le futur Cardinal Michael Czerny en est le premier directeur, suivi en 1990 par le Père Edward Hyland, SJ, et par M. Kevin J. Arsenault en 1995.  Les Pères Gordon Rixon et Richard Soo contribueront également aux activités.

C’est en 1985 qu’est créé le Canadian Jesuit Refugee Program, le JRS/Canada. Ses quatre champs d’action : aide directe aux réfugiés, améliorer les politiques et les mécanismes d’aide aux réfugiés, soutien aux réfugiés à l’étranger et éduquer la population canadienne.  Il se concentrera sur la recherche soutenue, la cueillette d’informations pertinentes et le réseautage avec les autres organismes impliqués dans la défense et l’amélioration des droits des réfugiés.

En 1999, deux ans après la fermeture du Jesuit Centre, le JRS est relancé sous la gouverne du Père Jack Costello.  Aumônier à Romero House depuis plusieurs années, il poursuivra le travail de plaidoyer de ses prédécesseurs et s’impliquera activement au sein d’organisations nationales comme le ICCR et le Canadian Ecumenical Justice Initiatives.  En 2006, le Père Costello est nommé directeur du Service Jésuite des réfugiés et des Migrants, à Toronto.

À la même période, le service Canadian Jesuits International (ancien Jesuits Mission Office) débute son travail d’Information et de sollicitation en faveur des œuvres du JRS à l’international.

En 2015, dans la perspective de la fusion des deux Provinces jésuites canadiennes, un véritable SJR est créé et un directeur national entre en fonction, en la personne de M. Norbert Piché.