Le meilleur et le pire: exclusion des « anges gardiens ».
05 juin 2020|Nobert Piché, directeur national
On nous dit que durant les crises, on voit le meilleur et le pire chez l’être humain. Ça ne peut pas être plus vrai que maintenant durant cette pandémie. On a vu des personnes, des demandeurs d’asile, travailler à des salaires dérisoires dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) où très peu de Québécois et Québécoises veulent travailler. Pourquoi ? Simplement parce que les Québécois et Québécoises ne veulent pas « nettoyer » leurs aînés, surtout pas pour un petit salaire. Ces demandeurs d’asile, qu’on a surnommé les « anges gardiens », ont fait ce travail ingrat que personne d’autre ne voulait faire. On les a décrits comme des personnes courageuses qui allaient au front de cette guerre contre la COVID-19 ; des personnes qui prenaient soin de nos Québécois âgés et fragiles au péril de leurs propres vies ; des personnes pleines d’abnégation.
Voilà pour le meilleur ; maintenant pour le pire.
Le gouvernement québécois de la CAQ a annoncé à la fin mai un programme de recrutement de 10 000 personnes pour combler le grand manque de préposés aux bénéficiaires (PAB) dans les CHSLD. Le gouvernement reconnaissait qu’il devait valoriser davantage ce travail ingrat en augmentant considérablement le salaire si on voulait attirer plus de personnes pour le faire. Mais voilà qu’on apprend au début juin que le gouvernement caquiste va exclure les demandeurs d’asile, nos « anges gardiens », de la liste des candidats admissibles.
Si cela ne vous met pas en « beau joual vert », vous avez à réexaminer votre boussole morale.
Cette pandémie nous fait voir jusqu’à quel point nous sommes tous des êtres humains à part égale (ou qu’on devrait l’être). Nous sommes tous des êtres dignes d’une vie saine et en sécurité. Nous devons arrêter de nous séparer en catégories de citoyens, immigrants, réfugiés, demandeurs d’asile, travailleurs migrants, etc. Nous sommes tous des êtres humains, point. Des catégories servent justement à nous séparer tandis que nous devrions nous rassembler, nous unir pour lutter contre un ennemi qui fait fi de notre statut d’immigration.
Alors, oui, cette lettre est un cri de cœur dirigée à vous tous et toutes qui la lisez. Si vous reconnaissez cette injustice fondamentale envers nos « anges gardiens » et que cela vous enrage, écrivez à votre député de l’Assemblée nationale. Et vous, membres du gouvernement Legault, il n’est pas trop tard de renverser votre décision pour qu’on puisse voir le meilleur de vous aussi.
Norbert Piché
Directeur national
Service jésuite des réfugiés – Canada