De Montréal à Haïti: COVID-19 et réfugiés haïtiens
08 mai 2020|SJR-Canada
Été 2017 : c’est par centaines que des réfugiés haïtiens se présentent au nord de l’État de New-York pour entrer de façon irrégulière au Canada. Ils craignent d’être expulsés des États-Unis. Ils passent par Roxham Road.
Un grand nombre de ces réfugiés se sont installés à Montréal. Comme le présente la journaliste Agnes Gruda dans son texte du 2 mai dans La Presse 1, c’est dans ce groupe que sont recrutés plusieurs préposés et aides-soignants pour les centres de soins pour les personnes âgées. Printemps 2020 : Trois ans après leur arrivée au Canada, en plus de voir la majorité de leurs demandes d’asile refusées, ces personnes se trouvent au cœur des points chauds de la propagation du coronavirus. Sans compter que plusieurs d’entre elles sont infectés. D’ailleurs, la Concertation haïtienne pour les migrant.es (CHPM) demande aux premiers ministres canadiens et québécois de déployer un programme spécial d’immigration pour ces « anges gardiens ».
Pendant ce temps, les 46 000 réfugiés haïtiens demeurant toujours aux États-Unis peuvent encore voir leur statut de protection temporaire annulé par l’administration Trump (le dossier est devant les tribunaux). La COVID-19 est venue augmenter la pression sur les réfugiés et les demandeurs d’asile. Non seulement les frontières sont fermées, mais les dirigeants américains organisent des vols pour les migrants et les demandeurs d’asile, sans même vérifier au préalable leurs états de santé. Le 6 mai, Médecins Sans Frontières déclarait : « Malgré le risque de contagion et les implications pour la santé des gens, les États-Unis ont continué d’organiser des vols pour expulser les migrants et les demandeurs d’asile ».2
Or, Haïti traverse actuellement une période extrêmement difficile sur le plan sanitaire en raison de la pandémie qui représente une grave menace pour la santé de la population mondiale. Pendant que la République Dominicaine est devenue le 4ème pays le plus touché d’Amérique latine par le coronavirus (8800 cas et 360 décès), les autorités haïtiennes annoncent 108 cas et 12 décès : le Ministre de la Santé publique estime d’ailleurs « que tous les cas n’étaient pas rapportés, principalement en raison des conditions sociales et sanitaires actuelles ». 3
Enfin, pour beaucoup d’Haïtiens, cette maladie reste quelque chose de superflu ou même une propagande car les autorités étatiques ne sont pas transparentes, et certains arrivent à croire qu’il n’existe pas de cas de coronavirus en Haïti, affirmant que le gouvernement veut juste recevoir de l’aide de la communauté internationale pour continuer à dilapider des fonds destinés à la lutte contre la propagation de la Covid-19 en Haïti.
Le moins que l’on puisse dire est que pour le peuple haïtien et sa diaspora, la situation est loin d’être facile.
1 Préposées aux bénéficiaires : la filière Roxham
2 MSF demande l’arrêt des expulsions des États-Unis vers l’Amérique latine et les Caraïbes
3 Les haïtiens pensent que le Covid-19 est un «truc politique»