La Saint-Valentin : Un appel à la fraternité envers le prochain
14 février 2025|Jean Gardy Joseph, SJ.
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Traditionnellement, la Saint-Valentin est célébrée comme la fête des amoureux et de l’amitié. Toutefois, sa signification ne saurait se limiter à ces seules dimensions. Cette journée nous rappelle également l’histoire de Valentin de Terni, prêtre ayant défié l’empereur Claude II en célébrant secrètement des mariages, alors que ceux-ci étaient interdits aux jeunes soldats. Fidèle à ses convictions, attachée à l’amour et à la dignité humaine, il paya de sa vie cet engagement, mourant en martyr le 14 février. Son sacrifice a traversé les siècles, faisant de cette date un symbole d’amour véritable : un amour qui se donne sans attendre de retour.
Mais en ce jour où l’amour est mis à l’honneur, une question essentielle s’impose : qu’en est-il de l’amour du prochain ? Comment parler d’amour dans un monde où la haine envers les personnes réfugiées se propage ? Comment prétendre célébrer l’amour lorsque la peur de l’étranger alimente le rejet et l’exclusion ? Si l’amour ne se résume pas à l’union de deux êtres, il est aussi ce qui nous pousse à tendre la main à ceux qui souffrent, à accueillir ceux qui n’ont plus d’abri, à offrir une chance à ceux qui, chassés par la guerre, la violence, la persécution ou la misère, aspirent à une vie meilleure.
Comment fêter l’amour aujourd’hui, alors que dans tant de sociétés, les personnes réfugiées sont perçues comme un fardeau, des intrus, des inconnus ? Comment parler de fraternité, d’hospitalité, de famille et d’espoir dans un monde qui dresse des barrières à l’accueil de l’autre ?
Dans son livre De l’hospitalité (1997), Jacques Derrida (1930-2004), philosophe français, distingue l’hospitalité conditionnelle, soumise à des règles et restrictions, de l’hospitalité absolu ou inconditionnelle, qui consiste à accueillir l’autre sans condition ni contrôle. Il affirme ainsi : « L’hospitalité absolu exige que j’ouvre mon chez-moi et que je donne non seulement à l’étranger mais à l’autre absolu, inconnu, anonyme, et que je lui donne lieu, que je le laisse venir, que je le laisse arriver, et avoir lieu dans le lieu que je lui offre, sans lui demander ni réciprocité (l’entrée dans un pacte) ni même son nom. » (p.29)
À la lumière de ces réflexions, la Saint-Valentin doit nous inviter à faire rayonner l’hospitalité absolu ou inconditionnelle, à ouvrir nos cœurs sans préjugés et à dépasser les barrières imposées par nos sociétés à l’accueil des réfugiés. Cette journée est un appel à reconnaître notre responsabilité envers autrui, à témoigner de notre solidarité et à œuvrer pour la dignité de ceux qui cherchent un refuge. Car accueillir, écouter, soutenir, c’est cela, l’amour véritable.
En ce jour de Saint-Valentin, ne limitons pas l’amour à de simples échanges de cadeaux ou de tendres mots : faisons-en un engagement, une présence bienveillante, un geste concret envers ceux qui cherchent une vie meilleure.
Jean Gardy Joseph, SJ.